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Article 1 - Partie 5d/6 - Le Coach face au changement de paradigme du Coaché

DETERMINISME SOCIAL ET PROFESSIONNEL

 « Ou comment le coach accompagne le coaché pour choisir librement son statut ? »

PARTIE 5d/6

Le Coach face au changement de paradigme du Coaché

Ces outils particuliers pour aller plus profond et toujours protéger lors de la dernière phase de coaching :

LE DETERMINISME SOCIAL :

Le déterminisme social, je l’ai mentionné, trouve des sources multiples.

Si d’ailleurs je me reporte aux cercles identifiés dans les articles précédents j’identifierai plusieurs outils et méthodes communs ou spécifiques en fonction des cas.

Dans le cadre du coaching des individus, sur la base du travail réalisé pendant ces premières phases, j’utiliserais alors divers outils directement en lien avec le déterminisme dans lequel se trouve le coaché.

On notera bien entendu la non existence d’une recette systématique séquençant l’utilisation de tel outil dans tel cas ou de tel ou tel séquencement mais plutôt une avancée fonction du moment et du besoin du coaché sur la base de son engagement et du rapport collaboratif.

Par conséquent l’ensemble du descriptif séquentiel présenté dans ces articles est complètement adaptable.

Ainsi, une des premières choses après que j’ai travaillé avec mon coaché pour lui faire prendre conscience de ce qu’il est, de quel est son socle de valeur, qui le drive et qui lui permette d’être en phase avec lui-même, j’irai explorer avec lui son écologie externe et comment elle interagit avec son environnement direct et son mode de pensée.

C’est ici que les applications plus spécifiques se définissent réellement.

Et selon les états du client, son dialogue verbal et non verbal j’utiliserais alors des outils différents.

Je pense qu’il est naturel de penser qu’un client qui veut sortir de son déterminisme, même s’il ne l’appelle pas ainsi, ressentira des émotions contradictoires et probablement dérangeantes mais finalement en aura pris son parti, en faisant d’elles des habitudes.

La première chose que je ferais sera de lui faire identifier ces émotions et les lui faire calibrer afin qu’il en prenne conscience. Et pour cela le travail sur les croyances qui génèrent son déterminisme sont un excellent terreau et une parfaite continuité avec les phases précédentes même si elles ne sont pas obligatoires dans leur entièreté car tout dépend du comportement du coaché.

Un outil que j’aime particulièrement utiliser, ludique pour les enfants et très accessible pour les parents est par exemple la roue des émotions (société « autrement dit »).

 

Mode d’emploi

  1. Choisir au centre de la roue la sensation qui correspond à l’état du moment du client
  2. Faire tourner la roue pour mettre en face de la petite flèche en face de l’émotion qui sous-tend cet état.
  3. Choisir le ou les besoin(s) qui correspondent.
  4. Comment choisir de prendre soin de ce ou ces besoin(s).

Il est d’autant plus intéressant qu’il permettra au coaché de conscientiser au travers de mots ou d’images se sentiment dérangeant que j’évoquais précédemment puis de lui affecter un degré dans les six émotions de bases et surtout, pour nous permettre d’avancer par la suite, d’identifier le besoin que cela génère chez lui.

Encore une fois, l’avantage pour moi est de pouvoir continuer à aider mon coaché à explorer les différents chemins dont il dispose sans le savoir réellement pour l’accompagner vers les différentes solutions possibles et c’est au moment où il a identifié son besoin que je relance la machine par l’outil de questionnement (« que pouvez-faire pour répondre à ce besoin ? », comment pouvez-vous faire pour satisfaire ce besoin », …).

Ces besoins, ces émotions étant issues d’habitudes environnementales et de croyances, par leurs remises en question le coaché va prendre conscience, par le travail de questionnement que j’utilise avec lui, que ces croyances impactent sa vision du monde, sa confiance en soi, et au travers de se désalignement son estime de soi et ses valeurs.

J’abouti alors au travers de ce processus à ce que le coaché prenne conscience de la liaison évidente entre ses émotions, ses besoins, ses croyances et ses valeurs et ainsi qu’il puisse alors par la suite reprendre ce mécanisme d’autoréflexion lui permettant de s’auto-corriger et d’évaluer la pertinence de sa réaction émotionnelle au changement de paradigme que provoque sa sortie de son déterminisme.

Emotions – Valeurs – Croyances – Estime de soi – Confiance en soi

Mais attention, il est de ma responsabilité de coach de traiter dans cette approche, ne serait-ce que pour préserver mon coaché, des limites à ne pas dépasser pour que celui-ci se préserve « d’effets secondaires du changement », pour assurer sa congruence, son intégrité.

En arrivant à ce niveau de prise de conscience du coaché (Emotions =>Valeurs, Limites => Ecologie), je dois toutefois tenir compte de sa capacité à pouvoir accéder en toute autonomie à une vision META de sa démarche. Si c’est le cas j’arriverais alors plus rapidement vers des outils systémiques tels que le SCORE ou encore les domaines de conscience de Bateson. En attendant, l’approche cognitive de Beck s’avère pertinente.

Lorsque je parle des émotions, et plus encore dans l’impact que provoque le changement de paradigme lié à cette évasion du déterminisme, je me dois naturellement de parler du stress et de l’inconfort émotionnel que cela provoque chez le coaché.

J’évoquerais également le miroir qu’est le coach à ce moment-là et donc de la tension qu’il ressent à cet instant.

En effet, quand il va vouloir sortir de son déterminisme, cela équivaudra à sortir de sa zone de confort et même s’il a pris conscience de certaines de ses obligations en demandant un accompagnement auprès d’un coach, je sais qu’il faudra toujours plus de temps et d’efforts qu’initialement prévu car aux travers de l’accompagnement, son travail personnel fera que le coaché prendra conscience qu’il existe plusieurs autres facteurs de stress, plusieurs stresseurs complémentaires qu’il faudra traiter.

Et là où le travail du coach est intéressant c’est d’utiliser cette posture à la Columbo, un peu candide, cette posture qui me fait penser à celle d’un enfant qui met sur la table une question tellement évidente qu’elle ne nécessite pas de réponse tellement l’évidence est frappante. J’utiliserai donc cette posture qui permettra au coaché de conscientiser de lui-même son état de stress au travers des trois variables suivantes[1] :

 

  • L’intensité
  • La durée
  • La CMA (Capacité Maximale d’Absorption)
Les 3 variables du stress

L’outil que représente d’ailleurs la CMA est très visuel et permet d’aider le client à jauger de lui-même les différents facteurs de stress que provoquent ce changement de paradigme et leurs implications dans sa vie courante.

Ces différents facteurs pourront d’ailleurs être identifiés par un système de jeux de questions, de mise en relief systémique par le coaché ou d’un questionnaire préalablement établi que j’inviterai le client à compléter de ses propres termes et qui pourra alors servir à évaluer et matérialiser sur une échelle graduée le niveau de stress réel que provoque ce changement de paradigme chez le coaché.

 

Par exemple avec un de mes clients nous avons aborder sas définition et sa gestion du stress en utilisant la CMA. Il en a résulté la visualisation ci-contre. Dès lors le client à travailler sur la précision de ces stresseurs en les quantifiant et les priorisant en évaluant également les interactions.

En faisant cela il a pris conscience du risque d’atteinte du maximum et de l’importance qu’il donnait à certains. D’ailleurs un de ses tics gestuels s’est immédiatement manifesté de façon plus aigue (le client se touchait machinalement le visage selon le même rituel avec le doigt : d’abord le front au-dessus du sourcil gauche puis ensuite le menton en le « pinçant » entre le pour et l’index », les yeux baissés et la bouche pincée).

Là encore, le résultat de cet outil n’est pas une fin en soi mais pour moi un autre outil afin de mettre des mots sur les intensités et les types de stresseurs du coaché et l’aider à se positionner autour de ces résultats.

Tout cela n’est pas autre chose qu’une série d’indicateurs qui comme un feu tricolore régulerai le flux des émotions dans la vie du client. Ce flux plus ou moins dense de la vie qui, à une heure de faible affluence, permet d’avancer sans encombre et qui, lors de petits ou gros accidents de la vie, va entraîner ralentissements ou gros bouchons.

D’ailleurs ce que j’aime par-dessus tout pour l’avoir pratiqué personnellement et l’avoir déjà utilisé directement ou indirectement chez quelques coachés, c’est leur faire comprendre par un dernier outil baptisé « Impact ou hors impact » et schématisé ci-contre de ce que le coaché peut maîtriser (Impact) ou non (Hors Impact) ou encore de ce qu’il ne peut qu’influencer (zone d’influence).

 

Cela a été un très bon complément pour que le client conscientise cette fois la valeur des termes employés (« futur incertain) en même temps que le fait qu’il a pu identifier que beaucoup d’entre eux ne dépendait pas de lui. Sa gestuelle décrite dans l’exemple précédent a alors été remplacé par un visage ouvert, libre et heureux. Une bouche ouverte et souriante et des yeux brillants

Un autre exemple d’outil spécifique que j’utiliserai sur cette partie pour faire travailler plus avant le coaché et potentiellement cadencer l’utilisation des outils précédents est le suivant :

Il permettra de travailler depuis la situation qui affecte le coaché jusqu’à sa solution en lui faisant à la fois solliciter ses propres ressources et de par le fait l’obligeant à se positionner de lui-même en position d’observateur, en position META, et à la fois en l’obligeant à revenir au détail pour définir son propre plan d’action vers sa sortie de son déterminisme.

Ainsi, avant de passer à un cercle d’influence plus grand, je reste persuadé que dans ce contexte particulier où le coaché cherche à s’extraire de son déterminisme par un changement de paradigme, il est nécessaire bien entendu de prendre les précautions qui s’imposent pour préserver son écologie et sa sécurité ontologique en axant notre travail sur les bases du coaché.

Surtout ne pas oublier que dans cette configuration le coaché va quitter une zone de confort et il se peut qu’il fasse face aux réticences de son environnement proche (amical et familial) qui l’aura naturellement conditionné depuis son enfance puis de son environnement géographique et de la société dans laquelle il évolue et ainsi faire face aux idées reçues et autres préjugés.

J’en arrive donc au deuxième cercle d’influence du coaché. Celui qui traite de l’aspect géographique, territorial, des organisations, voire communautaires.

En termes d’utilisation d’outils pour le troisième cercle d’influence, j’utiliserai le même type d’outils spécifiques que pour le deuxième cercle car, au final, le fonctionnement de la société sur le plan national et international en termes d’interactions et des règles qui la régissent est représentatif de l’ensemble des individus au sein du système dans lequel ils naviguent.

Lorsque j’aborde les outils qui concernent ces cercles d’influence, comme je le mentionnais précédemment, je pense qu’il est nécessaire et obligatoire que les fondements du coaché soient suffisamment solides

 

Par définition ils sont la base qui permettra au coaché de s’élever et comme j’aime à leur répéter quand nous traitons du sujet, leur socle vital, leur point d’origine qui, lorsque le trait est tracé vers l’objectif, permettra au coaché de toujours avoir cette ligne directrice, cette ligne de vie pour le guider vers son objectif et à laquelle se raccrocher en cas de dérive

Les outils que je vais alors mettre en avant seront les outils de l’approche systémique comme par exemple les domaines de conscience de Bateson ou le SCORE.

Les domaines de conscience de Bateson[2] seront alors un excellent outil dans le cadre du déterminisme pour faire conscientiser le coaché par un « état des lieux à son point d’origine » et un « état des lieux à son objectif ». Je pourrais ainsi diagnostiquer avec le client ses blocages potentiels, lui faire valider sa compréhension et sa congruence, voire renforcer ses décisions.

Les domaines de conscience de BATESON

Le SCORE[3] quant à lui est également très intéressant pour aider le coaché à conscientiser le chemin via une exploration systémique et avoir une autre approche pour passer de cercle en cercle en se focalisant sur les Ressources qu’il mettra à disposition pour sortir de son déterminisme en se projetant de l’espace présent vers l’espace solution et en s’observant comme un coach le fait pour le coaching.

SCORE

Le petit plus pour aider le client à poursuivre sa démarche est d’utiliser le questionnement sur les objectifs et les actions en plus des outils déjà abordés dans cette série d’articles mais surtout une approche de type antérograde ou rétrograde pour aider le coaché à se créer sa stratégie et son plan d’action afin de sortir de son déterminisme et atteindre ses objectifs en toute connaissance de causes.

Par expérience, ces approches ne sont pas à utiliser immédiatement dans le coaching car elles nécessitent une maturité certaine dans la démarche du coaché vers une sortie du déterminisme.

Et donc un avancement notoire dans le processus de coaching avec toujours cette position META que je me dois de maintenir pour préserver sécurité ontologique et écologie du client.

« Tout prendra plus de temps, plus d’efforts, plus de patience et plus d’argent que prévu. »

Anonyme

[1] STRESS (2020), p19

[2] BATESON (2020)

[3] SCORE (2020)