Article 1 - Partie 4a/6 - Déterminisme Professionnel
DETERMINISME SOCIAL ET PROFESSIONNEL
« Ou comment le coach accompagne le coaché pour choisir librement son statut ? »
PARTIE 4a/6
Déterminisme Professionnel
Pour faire suite à cette approche globale de ce qu’est le déterminisme social, il est important de compléter cette vision avec la partie purement professionnelle.
Lorsque je prends du recul et observe ce qu’est le monde professionnel je me rends compte au final que le déterminisme professionnel, quelle que soit la taille de l’entreprise dans laquelle je peux œuvrer, est sommes toutes très similaire au déterminisme social décrit précédemment pour ce qui est de l’individu au sein de la société qu’il fréquente.
N’est-ce d’ailleurs pas pour cela que nous appelons également nos entreprises des sociétés ?
Du point de vue de l’individu, employé dans l’entreprise, souvent seul membre de ce premier niveau que trop rarement complété par des relations plus profondes et humaines au sein de son équipe, j’observe alors un second niveau plus géographique avec le département ou le service d’appartenance dans l’entreprise et ensuite un troisième niveau englobant l’ensemble qu’est la société avec ses codes, ses lois et ses organismes et fonctions différentes.
Finalement autant de couches qui à nouveau cloisonnent, façonne, conditionnent l’individu dans une fonction, une activité pour le bénéfice de la société.
Et plus la société est grande, plus il est difficile pour l’individu de s’affranchir de ces barrières qui peuvent être sclérosantes pour certains et finalement l’obliger à la répétition, au conditionnement vers une tâche unique et monotone.
Mais attention. Loin de moi l’idée de dépeindre un portrait triste et noir de la position de l’individu dans le monde et dans nos sociétés.
Le déterminisme social et professionnel dans l’histoire
L’histoire de l’homme est une mine d’information sur ce thème si particulier qui est d’ailleurs à la base de la majorité des civilisations, groupes ethniques et systèmes professionnels. La synthèse de cette analyse abordée dans les chapitres suivants me permet de voir comment les choses ont globalement évoluées dans le temps jusqu’à cet individualisme utopique actuel, cette dissonance sociétale qui génère un décalage entre les besoins individuels et ceux des sociétés.
La genèse du déterminisme social
Par définition la genèse recouvre ce qui est à l’origine, le développement, le processus de formation et d’élaboration du sujet qui le suit.
S’intéresser alors à la genèse du déterminisme social avec la posture du coach, c’est comprendre son apparition dans le passé pour comprendre son état dans le présent afin de proposer à nos coachés le meilleur accompagnement pour changer leur futur.
Du point de vue social, en se basant sur l’approche de ce qu’est le déterminisme social défini précédemment, il est intéressant de comprendre comment est apparu le déterminisme social anthropologiquement parlant chez l’homme, à une époque où celui-ci n’était finalement pas si éloigné de l’animal.
En effet, il est assez intéressant de noter ce qui différencie l’homme du monde animal. Et cela même s’il est vrai que nombres de similitudes peuvent être décelées encore aujourd’hui.
J’aimerais mettre en avant certains comportements de ce monde animal dont nous sommes tous issus et qui fait aujourd’hui notre environnement.
C’est un monde passionnant en soit dès lors que je prends suffisamment de recul, comme le coach sur son petit vélo, et que je regarde le déterminisme animal et son miroir chez l’homme ensuite.
Les meilleurs exemples de déterminismes sont pour moi ces familles d’insectes tels les fourmis, les abeilles ou encore ces meutes de loups ou ces familles de grands singes au plus proche de notre génome.
D’aucuns diront que ce monde ne nous ressemble pas du point de vue de la psychologie et je suis d’accord mais anthropologiquement parlant je pense que nous nous ressemblons et c’est là que le déterminisme commence au même titre qu’il existe un lien entre société et déterminisme.
D’abord les insectes comme les fourmis où les abeilles. Chacun vie en société avec son rôle et ses fonctions allant de l’apport de nourriture à la protection en passant par la reproduction et l’aspect nourricier. Chaque individualité a un rôle déterminé, un maillon de la chaine pour la survie du groupe, et il leur est impossible d’ailleurs d’en changer. Pour les abeilles par exemple si l’une d’elle revenant de son pèlerinage ouvrier, décide d’aller vers une autre ruche que la sienne, elle sera tuée par celles qui en assure la garde à l’entrée.
Il est aisé d’y voir ici un aspect systémique dans le fonctionnement en groupe pour le bienfait du groupe uniquement.
Pour ce qui est des êtres un peu plus évolués si je me réfère à la classification réalisée par un exemple du refus du déterminisme social de l’époque en la personne de Charles DARWIN, et que je prends pour exemple ces meutes de loups ou ces familles de grands singes, le déterminisme est aussi bien présent de par les positions sociales au sein de ces groupes et les fonctions associées à chacun. Même si nous commençons à distinguer une part grandissante d’individualisme dans chaque individu.
J’en veux pour exemple la possibilité pour quelques-uns de ces membres de se sortir du lot en s’affirmant et en prenant la place du dominant ou en créant une famille ou une meute à leur tour. Mais même alors le modèle systémique intervient.
Ceci étant dit il existe une limite à ce déterminisme animal. Cette limite qui fait passer de l’animal à l’homme, de l’instinct à la réflexion et l’apprentissage. C’est à cet instant que l’homme devient homme, à cet instant où il s’individualise par son apprentissage et sa réflexion par opposition aux gestes instinctifs animaux, à cet instant où il peut faire fit du déterminisme où alors s’en contenter.
Car de l’animal qui naît à terme où « en lui la nature a achevé son œuvre. Il n’a plus qu’à suivre son instinct. A l’inverse, le nouveau-né semble venu au monde trop tôt, comme inachevé. Il devra donc compenser ce handicap originel » [1] et « c’est bien parce que nous arrivons au monde trop tôt que nous allons devoir apprendre de nos tentatives, de nos tâtonnements, de nos échecs ». [2]
Notre néoténie a fait la faiblesse de nos instincts naturels et de leurs capacités à nous aider. Ainsi « nous procédons par essais successif, développons des raisonnements et des savoir-faire, inventons, progressons. Les choses sont moins simples pour le petit humain que pour tout autre jeune animal, mais cette difficulté nous élève au-dessus d’eux. » [3]
Et s’en contenter me parait être également le bon mot car de nos jours encore nombreux sont ceux qui sont soumis à ces conditions particulières caractérisant le déterminisme comme présenté plus haut.
Ainsi tout au long de l’histoire, le déterminisme s’est vu être le résultat d’un jeu de domination de l’homme combiné aux besoins de la société dans laquelle celui-ci s’est trouvé. J’en veux pour exemple les différents rangs sociaux imposés par la naissance ou le milieu social. Le système des castes parfaitement marqué dans certains pays en est un exemple flagrant également.
Dans ces époques et ces milieux l’homme à toujours éprouvé la nécessité de préserver son confort et rare sont ceux qui ont pu développer leurs potentiels au-delà des règles imposées par
leur environnement familial, géographique, ou encore lié à la société dans laquelle ils ont vécu et ce sans parler de l’aspect capacités financières, génétiques et intellectuelles qui ont un fort impact sur le sortir du déterminisme.
Si nous prenons nos monarchies européennes il est reconnu que dans le passé le mythe de Cendrillon n’existait pas et la noblesse privilégié les mariages de pouvoir ou entre membres éloignées de la même famille comme se fût par exemple le cas avec entre le roi d’Angleterre Henri II marié à la reine Aliénor d’Aquitaine.
D’ailleurs, en parlant de l’Angleterre, ce n’est que depuis peu avec Diana Spencer, la princesse de Galles, que le mythe de Cendrillon a vu le jour et qu’une roturière a quitté la position sociale qui l’attendait alors.
Mais entre nous, il n’est pas nécessaire d’aller aussi loin dans le temps ou de partir à l’autre bout du monde pour identifier les impacts du déterminisme selon les situations sociales, elles-mêmes étant le résultat des environnements définis dans les différents cercles de vie.
Ainsi l’OCDE qui a mandaté, à raison d’une enquête PISA tous les trois ans, le suivi des acquis de notre jeunesse française, met parfaitement en avant l’impact du poids du déterminisme social avec par exemple en 2012 seulement 4% des enfants d’ouvriers atteignant un diplôme de niveau bac +5 contre 15% pour les enfants d’artisans et de commerçants et 40% pour les cadres.
Ces différences, bien qu’en hausse sont encore présentes en 2017 [4].
Et la dernière étude[5] montre encore que le milieu social est la principale source de l’inégalité et par conséquent du renforcement du déterminisme y attenant :
« Au début de la scolarité, la réussite scolaire tend à être en moyenne d’autant plus faible que le niveau social de la famille est modeste. »
Raymond BOUDON
J’aime finir ce chapitre sur cette citation de ce sociologue qui a fait sa marotte de ce sujet et ainsi avoir une transition toute trouvée avec la partie suivante car dans notre société, nous le savons bien et cela se vérifie chaque jour, le diplôme scolaire est la principale porte vers une aisance et un confort professionnel.
De par le fait le déterminisme social influençant le niveau scolaire de façon majoritaire, il s’étend naturellement vers une continuité professionnelle.
[1] PEPIN C. (2016), p161
[2] PEPIN C. (2016), p163
[3] PEPIN C. (2016), p160
[4] EDUCATION NATIONALE (2018)
[5] PISA (2018)